Se libérant parmi les ânes.
Il y a cette voix critique en moi qui ne cesse que m'emmerder en me disant comment je devrais me comporter. Bien sûre, comme tout le monde. Elle exige que je parle poliment, comme il faut. Que je m'habille discrètement, comme d'habitude. Que je cherche un boulot décent, comme il se doit. Une voix maladroite qui se mêle avec tout ce que je fais ou ne fais pas. C'est comme si j'avais intériorisé la voix de mes éducateurs sévères qui me tutoyait sans relâche pour me faire rentrer dans l'ordre mondial. Ce qu'ils n'ont jamais vraiment réussi à faire parce qu'il semble que mon rebel intérieur est un jouer incorrigible. En étant adulte, cette voix malice continue à me montrer du doigt. Comme l'autre jour, lorsque je n'arrivais pas à m'inscrire à un cours de massage que mon côté critique estimait que je ne méritais pas maintenant que j'étais au chômage. Il a fallu des semaines pour le faire taire en m'autorisant à suivre mon intuition et donc le cours. Pour être honnête, j'en ai marre qu'il intervient toujours en me rabaissant pour la moindre chose. J'ai remarqué qu'il vaut mieux écouter un âne. Depuis le peu de temps que je travaille au refuge des ânes, J'ai fait l'expérience que le fait d'écouter un âne est libérateur. En fait dire, j'ai découvert l'âne en moi.
Lorsque j'écoute ma voix libératrice je peux dire ceci. Si cela ne tenait qu'à moi, ma vie ressemblerait à celle d'un âne. Ma journée commencerait par un petit-déjeuner copieux composé de légumes frais, d'orge trempé en l'huile de lin. Après ce repas sain, je me ferais brosser tout au long du dos. Puis, a fond ramasser des câliner par des bénévoles. J'apprécierai intensément d'être chatouillé derrière les oreilles tout en écoutant les mots plein d'amour qu'ils m'adresse. J' hausserais la tête dans les épaules du soignant pour me faire dorloter quelques minutes de plus. Après ce bichonnage je quitterai mon d'hébergement pour rejoindre tous mes amis dans le pâturage pour des touches de douceur non bavards. Puisque cette auto-famille n'a rien à voir avec l'hiérarchie, je pourrai être pleinement moi-même sans chercher à obtenir plus. Une telle paix qui me permettrai de regarder rêveusement devant moi en toute tranquillité sans devoir faire plus que cela. Quelle liberté, n'est-ce pas? Mais voilà je suis un humain et non un âne. Même ci ma voix libératrice unirais facilement les deux êtres, avez-vous déjà vu une espèce humaine avec une tête d'âne?
Pourtant l'humanité a un besoin fou d'être moins bavard et plus câlins tout en étant sois-même. Pouvoir être sans-gênes suivant son instinct. Renoncer à l'hiérarchie en dehors de soi, être autonome en soi. Sortir des pensées pleine de voix critiques pour s'approfondir dans l'enjouement. En tant qu'être humain avec un âme d'âne je ferais spontanément des danses improvisée avec les chats de la ferme sur la coure et sans aucun doute je ferais des douillettes avec les volontaires dans le même carré. Je poserais spontanément ma tête sur les épaules d'une personne aimable en partagent de la tendresse. Je bercerais les sensuels dans mes bras en les massant parmi les marguerites dans les champs. Franchement, je parlerai librement de tous mes raids spontanés. Avant tout ayant des conversations sans paroles qui sont surtout ressenties. Est-il indécent de dire ceci? L'âne libérateur me dirait, mais enfin Mademoiselle Marteaux, foutez-vous la paix! Allez, utilisez vos pattes d'ânes pour donnez cette voix critique un coup de cul bien mérité jusqu'à ce qu'elle s'écrase dans le fumier pour s'y enfouir dans le crottin qui convient parfaitement pour étouffer une voix étouffante.
Hier, j'étais agenouillée dans un champ de paille pour ramasser les crottes d'ânes avec au moins cinq volontaires. Des chats de ferme sont venus me faire des câlins dans la cour, des ânes ont posé leur tête sur mes épaules et sont venu chercher des câlins à la douzaine. Les ânes, en suivant leur intuition, sont tellement moins complexes que les humains accroché aux pensées opaques. Les bénévoles viennent d'ici et d'ailleurs. Des personnes qui ici ont trouvé des loisirs après leur retraite. Des personnes handicapées un emploi du temps utile. Des personnes avec une passion pour l'âme de l'âne. Il y avait aussi qui sont tombés en miettes après avoir brûlé leur tête à des activité inhumains. Comme moi, ils ont ramassé leurs miettes pour en cuire un pain de propre pâte. Toute la matinée, nous avons nourri, brossé, câliné. Nous avons nettoyé les crottes d'ânes. Dans cette simplicité sans hypocrisie nous avons pris plaisir à nous rencontrer. Humains et ânes, unis. Ou, devrais-je dire, une rencontre entre humains qui ont le désir d'adopter un âne libérateur au plus profond de leur être?
Mademoiselle Marteaux